Star Ocean est une série de RPG de la grande époque PS1-PS2, dont les trois premiers épisodes ont fait le bonheur de nombreux joueurs, grâce à un gameplay efficace, et à un univers unique mêlant space opéra et Heroic-fantasy. Après un quatrième épisode aussi agréable à jouer pendant les combats que douloureux à suivre pendant son histoire, et un cinquième épisode oubliable sans ambition, il revient au petit dernier de rendre ses lettres de noblesse à la licence. Quand en plus on prend en compte les difficultés financières de son développeur TriAce, on se dit qu'une Force Divine ne sera pas de trop pour empêcher un chant du cygne, surtout avec une sortie fin 2022, embouteillée en gros titres plus vendeurs, plus mis en avant.

Du coup exceptionnellement pour ceux qui sont sur le point de décrocher, je commence par la conclusion : c'est loin d'être parfait, et ça sent le manque de budget sur tous les plans, mais qu'est-ce que c'était bien !

Note : Ce jeu a été testé à partir d'un code PS4 fourni par l'éditeur. L'histoire a été terminée, mais pas le contenu post game.

 

 

Une histoire réussie et prenante

Notre histoire commence quand nos deux héros, Laeticia et Raymond, se rencontrent à la surface de la planète Aster IV. La première est la princesse du royaume d'Aucerius, native de cette planète sous-développée, à la recherche d'un vieux sage qui pourrait l'aider à gérer les tensions grandissantes avec l'empire de Vey'l. Le second est un capitaine dont le vaisseau spatial a été détruit, le forçant à faire un atterrissage en catastrophe dans sa navette de secours, et qui désire retrouver ses autres membres d'équipage restants avant de repartir sur sa planète. Tous deux vont s'allier pour augmenter leurs chances d'atteindre leurs objectifs respectifs. Mais Star Ocean oblige, ces deux mondes de fantasy médiévale et de space opera vont s'entrelacer dans un scénario beaucoup plus complexe.

Le scénario met pas mal de temps à se lancer. La première partie sert surtout à présenter cet univers très riche, à expliquer les enjeux et à présenter les personnages. Mais il prend un peu trop son temps et peut donner une impression de longueur. Heureusement, une fois que l'empire entre en scène le tout s'accélère et on comprend que ce (trop) long début était nécessaire pour expliquer comment un conflit local sur une planète perdue peut devenir tout à coup la source d'un conflit à l'échelle de l'espace. Vous devrez choisir entre l'un de ces deux héros pour décider de quel point de vue l'histoire vous sera raconté. Soit celui de Laeticia qui découvre qu'il existe des mondes au-delà des étoiles, soit celui de Raymond qui doit s'adapter à un monde qui est incroyablement en retard sur le sien. Les deux se valent, et s'ils ont en commun 90 % du scénario, il leur arrivera aussi de se séparer, chacun vivant alors un passage distinct, qui ne sera raconté que si vous l'avez choisi.

J'ai trouvé l'histoire très agréable à suivre, à la fois dans les événements racontés, dans les efforts faits pour rendre crédible un scénario assez improbable (par exemple le jeu fournit une explication au fait que des héros d'un monde médiéval parviennent à battre des soldats avec fusils, même avec de la magie), et surtout dans l'écriture des personnages. Si ces derniers suivent des stéréotypes bien connus depuis les années 2000, je trouve néanmoins qu'ils sont attachants, car les curseurs ne sont pas poussés à fond. La jeune fille énergique n'est pas une pile électrique, le vieux sage bourru est désagréable en début d'histoire pour une très bonne raison, et s’adoucit une fois cette raison résolue, Laeticia est pacifique et naïve, mais a conscience de ses lacunes et accepte l'idée qu'il faut parfois prendre les armes face à un ennemi déterminé, et Raymond est clairement un homme expérimenté, beaucoup plus pragmatique et efficace que beaucoup de héros que j'ai pu jouer ces derniers temps. En plus des dialogues au sein de l'équipe pendant l'histoire principale, nous aurons droit à des petites scénettes en parlant au bon personnage au bon endroit, qui serviront à approfondir notre relation avec lui.

Alors certes il n'y a rien de révolutionnaire ou d'incroyable, et on n'échappe pas à quelques facilités scénaristiques, mais l'ensemble reste une vrai réussite, et surtout l'univers est très bien exploité. La magie, les royaumes moyenâgeux et les voyages spatiaux ne sont pas présents pour rien, et forment au final un tout cohérent que j'ai eu plaisir à découvrir avec cette équipe.

Une très belle direction artistique pour une technique au sol

Graphiquement le jeu a une patte artistique très réussie pour les environnements. Ils sont calqués sur des modèles bien connus (prairie, désert, village, ville futuriste,...), mais se démarquent tous des paysages réels, comme pour rappeler qu'on n'est pas sur Terre. Les zones à explorer ne sont pas très grandes, mais sont néanmoins assez ouvertes pour être agréables à explorer la première fois que vous y mettez les pieds. Et les musiques très réussies de Sakuraba renforcent ce plaisir de jeu. Pareil pour les villages et villes. Ils sont colorés et chatoyants, même si les décors spatiaux font un peu froid.

Petit passage sur les personnages qui suivent la charte graphique de la série depuis qu'elle est passée à la 3D, avec des traits arrondis, surtout chez les femmes. Ça pourra perturber certains joueurs, et laisser indifférent les autres. Il aurait sans doute été préférable de moderniser cet aspect de la série car ça donne parfois un aspect poupée un peu étrange, renforcé par des animations raides et saccadées. Surtout pendant les cinématiques où quiconque ne parle pas reste en retrait, planté comme un piquet, sans bouger.

Mais si le jeu est beau artistiquement, techniquement c'est une autre histoire. C'est d'ailleurs mauvais au point d'être indéfendable à ce niveau. Vous avez le choix entre un mode graphismes et un mode performance, et même avec ce dernier activé, le jeu ramera régulièrement du début à la fin, aussi bien dans les villages, les zones explorables ou les donjons. Et en combat c'est déjà assez crispant face aux mobs de base, mais face à certaines boss difficiles, voir le jeu ramer au point de ruiner le tempo de votre esquive ou de ne pas prendre en compte certaines inputs au timing serré, ça peut vite générer de la frustration pour rien. Ça n'est pas bloquant, mais je colle un carton rouge quand même, surtout quand on ajoute à ça le clipping horrible. C'est bien la première fois que je voyais des ennemis apparaître juste à côté de mon personnage, sans exagération aucune. Si vous le pouvez, jouez sur PS5, il paraît que c'est moins prononcé. Et ne vous mettez pas en mode graphismes, ça rame encore plus sans gain visuel clair. Les textures sont moches et le resteront dans les deux modes. Et ça aliase mais à ce niveau c'est presque un détail. Étrangement je n'ai ni plantage ni bug à signaler, le jeu a été impeccable à ce niveau. C'est au moins ça de pris.

Les combats : nerveux et jouissifs

D'ailleurs puisque j'ai abordé la question des combats, revenons dessus, car si on met de côté les ralentissements, ça reste une vrai réussite. Depuis le premier épisode, Star Ocean a des combats tournés vers l'action, en temps réel. Un peu comme ce qui se fait dans la série des Tales of (dont les premiers épisodes respectifs partageaient le système de combat)

Ici pas d'arène, on repère les ennemis (ou l'inverse), et le combat se lance sans transition. Pour les attaques vous êtes dépendant d'une jauge dont la valeur maximale peut varier entre 5 et 15, sachant que chaque coup consomme un certain nombre de points de cette jauge selon sa puissance. Vous pourrez assigner à trois touches de la manette un combo que vous aurez préalablement créé. C'est-à-dire que c'est vous qui sélectionnerez quels coups sortiront et dans quel ordre si vous martelez un même bouton. Sachant que vous pouvez arrêter un combo en cours pour passer sur un autre sans temps mort, tant qu'il vous reste de la jauge. Cette dernière sert surtout à vous empêcher d'attaquer à l'aveugle. En effet, pour la remplir il faut arrêter d'agir (seul le déplacement est autorisé, mais sans sprinter). A cela on ajoute un système de ciblage manuel ou automatique, qui fonctionne bien la plupart du temps mais peut parfois dérailler quand la caméra décide de se montrer récalcitrante.

Comme dans tout bon RPG, à force de combattre vous monterez de niveaux, ce qui vous donnera des PC, ou points de compétences. Ces points seront à dépenser pour monter les statistiques de votre choix, débloquer des compétences passives à équiper ensuite ou débloquer plus d'attaques à intégrer dans vos combos. Ceci vous offre une certaine liberté sur la progression que vous souhaitez favoriser pour vos personnages, chacun ayant son arbre de compétence qui lui est propre. Vous pourrez aussi choisir d'améliorer les attaques et compétences avec ces mêmes PC, selon votre choix.

Le vrai sel du jeu vient du système D.U.M.A., du nom d'une sonde technologiquement très avancée (même selon les standards du voyage spatial dans ce monde) qui permettra au personnage que vous contrôlez de se projeter dans les airs. En exploration cela vous permettra d'atteindre des plateformes inaccessibles autrement. En combat cela se traduit par la possibilité de piquer sur les ennemis et de faire des attaques éclairs si vous changez de direction au dernier moment pour sortir de leur champ de vision. Ceci les assommera pour un petit temps lors duquel vous pourrez leur faire de gros dégâts gratuitement. En plus chaque coup donné à un ennemi dans cet état fait monter votre jauge de combat jusqu'à 15. Et vous pouvez aussi déployer un bouclier qui vous protège tandis que la jauge se vide. Tout coup encaissé avec ce bouclier levé permet de monter la jauge de combat ; ce qui est pratique contre les ennemis immunisés aux attaques éclairs. Par contre cette même jauge redescend à chaque coup reçu d'un ennemi. Heureusement, après une dizaine d’heures de jeu, vous pourrez aussi demander à D.U.M.A. de passer en mode défensif, ce qui fera bénéficier à toute votre équipe d’un bonus de défense conséquent, et vu la qualité de l’IA, ce n’est pas toujours de refus. Dans la pratique vous passerez le plus clair de votre temps en mode offensif, mais contre certains boss il faudra aussi utiliser le mode défensif au bon moment.

Avec tout cela les combats sont nerveux et prenants, et parviennent à maintenir leur intérêt pendant les 40 heures nécessaires pour finir l'histoire principale. En plus, comme pour l'exploration, les musiques de Sakuraba sont toujours de qualité et participent à notre plaisir. C'est vraiment dommage que comme dit plus haut, les ralentissements intempestifs viennent gâcher notre plaisir.

Un contenu annexe riche, mais à l’intérêt fluctuant

D'autant qu'en plus de l'aventure principale se cachent aussi bien des quêtes annexes, même si elles ne sont vraiment pas fantastiques car sans intérêt scénaristique. D'ailleurs j'ai fini par les ignorer. Vous pourrez aussi vous tourner vers un système de craft assez simple pour créer des objets avec des matériaux récupérés sur le terrain ou sur les ennemis. Si c'est utile pour créer des potions ou des objets d'attaque, c'est par contre sans intérêt pour les armes et armures vu que les magasins vous proposeront toujours mieux que ce que vous pourrez fabriquer.

Vous aurez aussi un mini jeu de plateau avec des pions, distrayant et vous permettant de gagner d'autres pions. Quand on sait que ces derniers peuvent être équipés sur nos personnages en tant qu'accessoires, et peuvent apporter des bonus appréciables, on voit l'intérêt de les collectionner, même si là encore le fait de trouver des pions puissants dans les donjons rend ce mini-jeu loin d'être indispensable, ni même conseillé pour finir le jeu. C'est vraiment purement annexe.

Conclusion

Star Ocean signe un vrai retour en force de cette licence qui s'était perdue depuis l'époque PS2, même s'il reste une belle marge de progression pour égaler des jeux comme les Xenoblade ou les Tales of. Malgré ses défauts techniques indéniables, qui hurlent le budget limité auquel le jeu a clairement eu droit, et qui feront fuir pas mal de joueurs, l'histoire et l'univers restent de vrais forces, qui ont suffi à me happer dans cet univers si singulier, et unique dans le monde du jeu vidéo. Si la série doit s'arrêter ici, ce que je ne souhaite pas, alors elle aura au moins sauvé l'honneur. Mais pour ma part j'ai passé un excellent moment dans ce monde qui a su me happer du début à la fin. Le voyage en compagnie de Laeticia, Raymond et leur équipe en valait clairement la peine, et maintenant j'ai juste envie de faire le remake du 1 sur Switch, afin de revenir dans cette série par une autre porte.

 

 

Vous aimerez Star Ocean : The Divine Force si :

  • Une combinaison réussie entre space opéra et héroïque fantasy titille votre curiosité
  • Vous êtes intéressés par une histoire qui fleure bon les années 2000 (dans le bon sens)
  • Vous voulez un système de combat efficace et qui tient la durée
  • Une OST de qualité qui accompagne avec brio le jeu du début à la fin est un plus pour vous
  • La liberté offerte par D.U.M.A. pour l'exploration vous intéresse

 

Vous n'aimerez pas Star Ocean : The Divine Force si :

  • Vous avez des exigences sur la partie technique d'un jeu, même minimes
  • Vous ne voulez plus d'une histoire assez classique, avec des personnages suivants des archétypes déjà vus et revus.

Test réalisé par Luciole